Le charme aérien de la verveine hastée
Mise à jour : juillet 2022
SURVOL – On dit que la pandémie du nouveau coronavirus a possiblement été déclenchée par le contact avec des animaux vivants capturés en nature et vendus dans des marchés publics.
Et cela m’a fait réfléchhir. Ainsi, il faut prendre garde pour ne pas introduire dans nos plates-bandes des plantes parfois dangereuses pour l’humain.
Le potentiel esthétique des fleurs sauvages – ces plantes rustiques si bien ajustées à notre écosystème – a déjà été abordé dans quelques articles que vous retrouvez sous l‘étiquette Fleurs indigènes
Photos : L. Couture
Les pluies si abondantes de l’été 2017 ont laissé aux jardiniers diversiformes plus de temps pour sarcler, élaguer, transplanter et surtout pour observer, écrire, rêver.
NATURALISER LE VIVANT
Une occasion pour mieux saisir l’impact de la présence dans les jardins de certaines fleurs sauvages que nous préférons appeler fleurs rustiques.
Apportées par le vent, les oiseaux, ou grâce à des semences qui étaient déjà sur place, l’arrivée soudaine de ces plantes a souvent un aspect insolite. Un beau jour, on se retourne, elles sont là et semblent nous dire : « avant de m’arracher, regarde ce que je peux faire pour toi ».
Même si j’ai souvent dit qu’en avoir une, c’est en avoir mille, j’ai constaté que même si certaines fleurs rustiques prennent une place dans notre environnement, cela n’a rien à voir avec l’invasion tant redoutée.
D’ailleurs, on peut facilement les sarcler et celles que l’on garde apportent vie et couleur. Elles mettent souvent en évidence nos belles fleurs domestiquées.
Grâce à elles, on a l’impression de redonner ses droits à la nature et de naturaliser le vivant. Dans ce sens, nous cultivons de plus en plus le naturel.
VIVRE ET LAISSER VIVRE
En apprenant à vivre et à composer avec elles, l’idée nous est donc venue de laisser les fleurs sauvages, tout simplement être, au lieu de lutter continuellement contre elles.
Ces plantes sont souvent belles, robustes et prolifiques, alors pourquoi s’en passer et s’en remettre toujours à des plantes cultivées ou achetées en pépinière ?
N’oublions pas que toutes les plantes vendues aujourd’hui ont eu pour ancêtre une parente en liberté, quelque part dans un champ ou près d’un boisé.
POURQUOI MÉPRISER CE QUI EST GRATUIT ?
N’avons-nous pas l’habitude de lever le nez sur ces fleurs qui trop souvent, dans notre culture, sont considérées comme du chiendent.
En observant et avec une approche de réconciliation, on découvre ce que la nature nous offre et on apprend à identifier ces plantes.
Ayant remarqué celles qui ajoutent une touche de magie aux jardins, nous nous entendons pour les soustraire à nos perpétuels sarclages.
Bref, c’est comme si les Jardins diversiformes retournaient peu à peu à la nature.
SAVOIR IDENTIFIER LES AMIES DES ENNEMIES
Bien entendu, l’idée n’est pas d’en faire une religion ou de sombrer dans l’idéalisme.
Certaines plantes trouvées en pleine nature sont dangereuses pour notre santé ou immensément envahissantes.
Quelques-unes provoquent chez l’humain des allergies assez violentes, quant elles ne sont pas carrément toxiques. D’autres ont un système racinaire croisé et tentaculaire qui étouffe tout sur son passage comme le phragmite.
Je pense ici au panais sauvage, à l’herbe à poux, à l’herbe à puce, à la grande berce du Caucase, au phragmite, une graminée très envahissante qui borde les fossés des autoroutes.
D’ailleurs, souvent pour sarcler, ou lorsque j’ai des doutes en voyant une plante que je ne reconnais pas, je porte des gants.
OBSERVER, IDENTIFIER, S’INFORMER
Nous prenons donc garde de ne pas introduire dans notre entourage des végétaux sources de problèmes, car nous pouvons vivre sans eux !
En terminant, nous vous présentons en photos, quelques révélations.
La mémoire de la Terre
L’idée de laisser ces fleurs vagabondes reprendre une place dans nos jardins donne à penser que la Terre, de par les semences qu’elle contient toujours, conserve une mémoire de ce qui était avant l’urbanisation et ses pelouses.
Et dire que les pauvres humains s’acharnent à éliminer du paysage tout ce potentiel, en tentant d’effacer cette mémoire, par des sarclages éreintants et surtout des herbicides !
La verveine hastée
Une des surprises de la belle saison a été la prolifération de la verveine hastée, juste derrière une rangée de potentilles. En effet, depuis quelques années, une discrète colonie s’est peu à peu installée parmi des salicaires, et ce, vraiment à la bonne place !
La floraison violacée de cette plante aérienne (1,75 m) a formé, en juillet, un massif très efficace, le tout offrant une composition esthétique et champêtre qui a fait notre bonheur. Même les pluies tropicales à répétition ne lui ont pas fait peur, puisqu’elle est demeurée bien droite !
Le salsifis des prés
Lui, il est apparu un beau jour près de la maison, dans la garnotte. Là où il ne poussait rien, c’est comme si maintenant un vide avait été comblé, et, la nature se retrouvait rassasiée par l’installation de cette bisannuelle. Je trouve que sa forme élancée et sculpturale a vraiment l’allure d’une structure décorative en fer forgé.
Même si sa fleur jaune rappelle celle du pissenlit, une fois séchée, sa corolle se transforme en une sphère impressionnante. Aujourd’hui, dans nos plates-bandes, on reconnaît facilement son feuillage et là où il ajoute de la vie à nos plates-bandes, c’est un oui pour le salsifis !
L’eupatoire maculée
Depuis trois ans, cette nouvelle venue s’est installée devant la maison une zone semi-ombragée.
Nous avons ici affaire à une vivace, car contrairement à plusieurs plantes indigènes qui sont annuelles ou bisannuelles, celle-ci est très rustique qui se multiplie également par la base en s’élargissant lentement chaque année.
L’eupatoire maculée est aussi une grande aérienne dont les tiges robustes font près de deux mètres de hauteur. Sa floraison rose se prolonge durant une bonne partie de l’été.
La question qui tue : pour la multiplier, pourra-t-on la diviser avec un bon coup de pelle, comme on le fait pour d’autres vivaces ? Étés 2020-2021 : oui il est possible de diviser et de la transplanter.
RÉFÉRENCE…
Fleurs sauvages du Québec, tome 2, été/automne • Lise et Pierre Daigle • Publié chez Broquet.
De mois en mois • Au palmarès de la floraison des Jardins diversiformes
Parmi les plantes rustiques amies…
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